Plusieurs théories intéressantes ont été émises par les plus éminents théoriciens concernant la genèse du croissant de lune.

Il en existe une assez loufoque expliquant la création de la lune par une espèce d'agrégation de rochers provoquée par... Comment appellent-ils cela déjà? Ah oui, une force gravitationnelle. Soit, je suis un esprit ouvert, je leur donne le bénéfice du doute.

Mais lorsqu'on leur demande alors comment ils expliquent l'existence du CROISSANT de lune, ils partent soudainnement dans des élucubrations complètement farfelues faisant intervenir le soleil, oui vous avez bien entendu le soleil! Et une sombre histoire d'angle d'éclairage.

Franchement, comment voulez-vous prendre au sérieux des individus qui voient des lunes en plein soleil?

Bref, outre cette amusante théorie, il en existe deux bien plus plausibles.


La première met en jeu une intervention divine dont voici le récit.

Au premier jour de la création, Dieu, avec un grand dé — oui Dieu est joueur — se réveilla tôt pour commencer son oeuvre. Mais visiblement, il ne se sentait pas dans son assiette. Bien qu'ayant dormis comme un Loire[1] pendant quelques millénaires, il ne parvenait pas à extirper de son incommensurable esprit cette brume matinale bien connu des Hommes[2]. Il décida donc de somnoler tranquillement pendant encore quelques millénaires en espérant que ça passe.

Au deuxième jour, ayant suffisamment dormi à son goût, il se leva tant bien que mal. Mais il était toujours plus ou moins dans le même état cataclysmique. Ayant pris un jour de retard sur la création, il décida de créer la lumière — ça aide de bon matin — puis le ciel sur lequel il se cogna. Agacé, il retourna se coucher.

Au troisième jour, toujours impénétrablement vaseux, il créa la végétation et se dit que la reproduction et la sélection naturelle feraient le reste. Puis il retourna se coucher.

Au quatrième jour, il en eu marre de ces réveils brumeux et non productifs. Franchement, en trois jour il avait allumé la lumière, s'était cogné contre une jolie voute céleste toute neuve et avait fait pousser trois brins d'herbe. «Vraiment, que penseront de moi mes créatures?» se dit-il. Il régla d'abord un premier problème : comme les plantes n'avaient pas l'air d'apprécier beaucoup la lumière divine, il créa le soleil. Ensuite, il eut envi d'un bon casse-croûte. Il créa la lune, se délecta d'un quart et, repu, retourna se coucher.

Au cinquième jour, il mangea un second quart de lune comme déjeuner et découvrit son premier miracle divin : l'inébranlable brume matinale avait disparu. Heureux, il fabriqua du papier avec quelques arbres qui avaient poussé et dessina des formes mystiques. Ainsi naquirent les animaux. Heureusement, ils évoluèrent[3]...

Au sixième jour, il dévora un troisième quart de lune, et ainsi naquit le croissant de lune. Bon ensuite je vous passe les détails sur la création de l'homme et de la femme. Quoiqu'il s'était pas mal amélioré en dessin le bougre!

Au septième jour, il finit son casse-croute et satisfait s'amusa à donner aux Hommes une réplique miniature de cette lune, qu'ils appelèrent étrangement pomme[4], et leur dit de ne pas la manger — Dieu est joueur.


La seconde en revanche, plus scientifique, fait appel à une intervention extra-terrestre.

Il y a quelques millénaires de cela, alors que l'Homme commençait à peine à comprendre pourquoi les bâtons n'étaient pas fourni avec le mode d'emploi, d'étranges êtres vivants se demandaient eux pourquoi le mode d'emploi de leur vaisseau Klärmien n'était disponible qu'en Schnürtzien, une langue à double sens très pratique pour les jeux de mots.

Il résulta de tout ceci une collision évitable avec une planète peuplée d'être vivants primitifs jouant bêtement avec des bouts de bois.

Bref, les Klärmiens étant pacifistes, ils sympathisèrent avec ces autochtones en leur expliquant divers utilisations du bâton : faire de la musique, du feu,... Chose totalement inutile puisque les Klärmiens étaient à leurs yeux des divinités toutes puissantes tombées du ciel.

Quoiqu'il en soit, ils bénéficièrent en retour d'une main-d'œuvre dévouée pour réparer leur vaisseau et purent ainsi se concentrer sur la traduction des deux sens du mode d'emploi Schnürtzien.

Quelques mois plus tard, les réparations touchèrent à leur fin sans qu'aucun métissage n'ait officiellement eu lieu. La traduction quant à elle n'avait prit que deux jours ce qui leur avait permis de faire plus ample connaissance avec les autochtones.

À l'heure du départ, ils avaient donc en main deux manipulations différentes. Et bien sûr une seule était bonne — les Schnürtziens aussi sont joueurs. Ils prirent au hasard l'une des deux.

Malheureusement, ils tombèrent sur la mauvaise. Il s'agissait là de la manipulation consistant à générer une base spatiale furtive[5].

Il n'y aurait pas eu de problème si la planète sur laquelle ils avaient échoué regorgeait du carburant dont le vaisseau avait besoin. Seulement ce n'était pas le cas, et ils allaient vite être à court. Ils décidèrent alors de redémarrer en urgence le vaisseau pour interrompre le processus — pas besoin de mode d'emploi le bouton RESET est universel. Ce qui eu pour conséquence de produire une base incomplète : elle était toute petite et le camouflage même médiocre fonctionnait correctement une fois sur huit.

Ils annotèrent soigneusement la manipulation utilisée, et utilisèrent l'autre pour rentrer chez eux.

Notes

[1] Dieu créa le sommeil du Loire à l'image du sien, c'est bien connu.

[2] Qu'il fit tellement à son image qu'ils en héritèrent, la barbe!

[3] Le dessin, certes divin, restait tout de même quelque peu primitif.

[4] On suppose que cela voulait dire lune dans leur dialecte primitif.

[5] Les vaisseaux Klärmiens sont les couteaux suisses des vaisseaux, ils préparent même le café (poison mortel pour les Klärmien).